[Créations diverses] Isisaur

Chers membres du Amaz'Sims and Co,

Je vous fais parvenir une photo de mon petit garçon, afin que vous preniez en compte sa candidature pour les Egéries 2015. Je m'appelle Marie Chastaing et mon fils, Tybalt, est âgé de 25 ans. Il est parti depuis peu de la maison, et je vis plutôt mal cette séparation. C'est mon enfant unique, mon petit bébé et le voir partir, c'est très difficile. D'un autre côté, je suis tellement fière de lui.

Il est beau, n'est-ce pas, mon fils ? Il a le regard pénétrant, un menton affirmé, des traits qui inspirent le respect. Je lui dis souvent que si nous avions vécu dans la Rome antique, il aurait pu être empereur avec un physique comme le sien. Ca le fait rire, sauf que je le dis devant ses amis, allez savoir pourquoi. Ah les garçons !

Enfin bref, mon petit est bourré de qualités : il est serviable (sauf avec ma voisine du dessus, mais il faut le comprendre, c'est une vieille bique jamais contente), sociable (il a pleins d'amis, mais que des garçons, et ça, en revanche, ça m'énerve : quand se décidera-t-il à me ramener une gentille jeune fille qui pourra égayer sa garçonnière tristounette ?), et rigolo. Ah ça, il sait faire rire, c'est sa principale qualité, et heureusement ! Il veut en faire son métier ! Oui, oui, il veut être humoriste, il veut distribuer du bonheur aux autres : si c'est pas de l'altruisme, ça !

Pour le moment, il galère pas mal, je le sais bien. Il ne me le dit pas, pour ne pas m'inquiéter, mais j'ai mes sources : les contrats sont peu nombreux et les cachets bien maigres. Pourtant, il a un talent fou ! il pourrait vous bidonner rien qu'avec des blagues carambar, je vous jure. Mais il n'a pas encore eu la chance d'être repéré. C'est pourquoi je l'inscris aujourd'hui pour ce concours : c'est la chance de sa vie, car je sais qu'il saura percer et se mettre le public dans la poche. Il est comme ça depuis tout petit.

Ah, j'en aurais des choses à vous raconter sur son enfance, sur ces bêtises qu'il a su tourner en sa faveur. Oh, la fois où il a mangé en cachette toutes les mignardises de notre hôtesse. Quand on l'a découvert, il avait les joues pleines, on aurait dit un hamster ; il ne s'est pas démonté et, la bouche pleine, il a souri et dit : "Félichitachions à la cuisinère, c'était divin !". Il n'avait que 4 ans ! Qu'est-ce qu'on a rit !

Mais n'allez pas croire que mon fils soit parfait, hein ! je ne suis pas comme toutes ces mères qui s'extasient dès que leur enfant dit un mot. Non, non, non ! Je sais reconnaître ses limites. Par exemple, il n'est pas du tout du matin. Justement, j'ai pris cette photo au saut du lit. Il était midi et il émergeait avec peine : je ne suis même pas sûre qu'il ait remarqué que je le photographiais...

Autre défaut : il plaisante toujours avec son physique... Beaucoup de ses sketches tournent autour du "je suis moche mais je m'assume". Quelle idiotie ! Il n'est pas très crédible, n'est-ce pas ? Il faudrait qu'il soit vraiment pas beau, ce qui n'est pas le cas. Ah les enfants ! Ils ne savent pas ce qu'on endure à cause de leurs bêtises. Je n'aime pas du tout quand il fait ça, se dénigrer devant les autres pour les faire rire...

Et dernier gros défaut : il est célibataire ! Et pas pressé de remédier à ça ! C'est que je veux des petits-enfants aussi beaux que lui, moi ! Quel égoïste quand même.

Enfin, justement, peut-être qu'il rencontrera une gentille fille pendant le concours et que ça débouchera sur un mariage... Ca, c'est ma motivation secrète, mais chut, ça le mettrait en colère, mon Tybalt. Sujet sensible...

The Question :
Bon déjà, je tiens à dire que maman est une farceuse qui n'en fait qu'à sa tête et parle souvent à tord et à travers. Je dis ça, je dis rien ! Je l'aime, ma maman, mais voilà, elle est du genre envahissant, si vous voyez ce que je veux dire. Bien, maintenant que la mise au point est faite, à nous !
Quel endroit rêverais-je de visiter ? Sans aucune hésitation, l'Espace ! Oui, je sais, je vois grand, mais que voulez-vous, j'ai été bercé par les Star Wars et Star trek depuis ma plus tendre enfance (papa est fan, ça laisse des traces, voyez-vous !). Je rêve de me retrouver en combinaison dans une cabine exigüe pour siroter un repas lyophilisé en regardant la Terre devenir minuscule. Ca fait rêver, non ?
Blague à part, c'est vraiment quelque chose qui me fait vibrer : l'Espace infini, les étoiles par milliards, se sentir tout petit dans l'immensité de la Création, ça rend humble. Et ça ne peut pas faire de mal de se sentir humble quand on est Homme et qu'on se prend pour Dieu, n'est-ce pas ? voilà, mon voyage rêvé, parfaitement irréaliste, mais ça sert à ça, les rêves !
Sinon, plus modestement, je rêverais de visiter la loge de Doris, elle doit être pleine de Lego Star Wars, si j'ai bien compris...

Alors voilà certainement une de mes photos les plus réussies en matière de plouquerie ! Oui, oui, j'invente des mots, mais c'est pas grave, j'ai le droit en tant qu'humoriste, vous ne saviez pas ?
Bien que je vous explique le contexte, quand même, je ne vais pas vous laisser croire que je sors comme ça tous les jours...
Avec ma copine Zoey - et là, je vous arrête de suite, je vous vois venir avec les mêmes gros souliers que maman : copine et pas petite copine ! - on a inventé un jeu très drôle mais réservé à notre usage exclusif. On ne joue pas au strip-poker, mais à son opposé ! Le principe ? on commence en maillot de bain et quand on perd une partie, on enfile au hasard une pièce de vêtement. Vous pouvez constater que j'ai donc perdu, étant plus habillé que Zoey... Et normalement, personne n'aurait jamais dû me voir comme ça hormis ma meilleure amie aussi mal fagotée que moi. Mais c'était sans compter sur un gentil voisin qui passait par là et qui a eu l'excellente idée de mettre le cliché volé sur Facebook... Je vous jure, ces réseaux sociaux, c'est une plaie !!
Alors sinon, pour la question existentielle posée, c'est très difficile pour moi de répondre. Déjà, parle-t-on de mode masculine ou féminine ? C'est pas la même chose, hein, vous êtes bien d'accord ? Ensuite, je ne suis pas un féru de mode, c'est pas mon trip ! Le matin, je prends ce qui me tombe sous la main sans trop faire attention et j'adopte souvent un look passe-partout : T-shirt et jean. Heureusement que Zoey passe par là pour arranger les couleurs ou me faire porter quelques accessoires pour dynamiser le tout. Et oui, je vis avec Zoey, mais - je vous vois encore venir - on a deux chambres séparées. C'est ma coloc, ma meilleure amie, et c'est tout ! Bon pour en revenir au mauvais goût vestimentaire... Chez les filles, pour moi, ce qui est rédhibitoire (vous avez vu ? je ne fais pas qu'inventer des mots, j'en sais des beaux et compliqués aussi, héhé), c'est... heu... difficile à dire : Zoey m'a appris à apprécier différents styles particuliers (elle-même est plutôt gothique-steampunk, donc vous voyez le genre : maquillage outrancier, corsets, résilles ; tout ça pourrait paraître de mauvais goût, mais bien dosé, ça me plaît). Alors, on va rester simple et dire que ce que je trouve vraiment pas jojo sur une fille, c'est quand elle garde ses chaussettes et sa montre pour dormir alors qu'elle arbore une magnifique nuisette de soie rose (rigolez pas ! ça m'est déjà arrivé ! pas de porter une nuisette avec des chaussettes, mais qu'une fille porte ça devant moi...). Et pour les gars, ben ça va être les marcels portés sous la chemise (et la chemise agrémentée de magnifiques auréoles sous les aisselles, ça, c'est le pompon, la cerise sur le gâteau, la goutte de trop, si j'ose dire !) : qu'Est-ce que ça peut être moche, ça ! j'ai jamais compris à quoi ça servait de mettre cet horrible marcel qui va faire forcément des marques sous une chemise blanche super classe... Enfin bon, je porte rarement des chemises et encore moins des marcels, alors ça risque pas de m'arriver ! Ouf ! j'ai échappé au pire !

A chaque fois que je croque dans un hot-dog, ça ne rate pas. Je suis instantanément transporté quelques 20 ans en arrière. J'ai des souvenirs fantastiques de mon enfance. Le samedi à midi, on se retrouvait tous chez Papy : maman et papa, tata et mes deux petites cousines qui sont un peu des sœurs pour moi. C'était petit, chez papy, mais on installait une table devant le canapé usé par les ans, on trouvait une place confortable, les parents préparaient les hot-dogs et arrivait enfin le moment tant attendu. Papy, qui était le seul à savoir le faire fonctionner tellement il était vieux et compliqué, branchait son magnétoscope et mettait la VHS. Et là, la bouche pleine de hot-dog aspergé de ketchup, on visionnait des films cultes, du genre qu'on n'oublie pas et qu'on revoit avec plaisir plusieurs années plus tard (avec parfois une pointe d'amertume devant la perte de notre émerveillement émoussé par les années). J'ai ainsi regardé avec mes proches chéris ET, Big Foot, Ghostbuster. Plus tard, ce furent Conan le Barbare et Sonya la Rouge qui nous divertirent. Je garde des souvenirs attendris de cette période durant laquelle j'étais un enfant qui ne voyait pas les problèmes des adultes, qui ne pouvaient même pas les comprendre. Je ne voyais qu'un moment magique passé ensemble. Je ne voyais pas les histoires cachées derrière le sourire de Papy, les vides dans les rires de Tata ou la souffrance dans le cœur de Maman.
Maintenant, j'ai grandi, je suis adulte, je connais une partie de cette histoire, leur histoire qui est aussi un peu la mienne. j'ai une part de colère en moi devant ce gâchis et ces non-dits, mais je ne peux pas passer outre ces moments de bonheur simple qui ont bercé mon enfance. Quand je croque dans un hot-dog, c'est cette joie pure qui me prend aux tripes et qui efface tout le reste.
Si j'ai bien appris une chose (j'en ai tellement à apprendre encore), c'est que la vie peut être très cruelle parfois. Petit, j'étais bien dans ma peau. Je jouais les caïds, les casse-cous, je courais partout, j'avais des copains. Et puis l'adolescence est passée par là, avec son lot de boutons, le corps qui change, le visage qui se modèle, les hormones qui bouillonent en n'en font qu'à leur tête (qu'elles ont minuscules, sachez-le !). Au collège, j'ai basculé dans le monde des loosers, ceux qui n'étaient pas bien lotis par la nature : les moches, les gros, les has-been. Au collège, je n'étais pas populaire, loin de là. On se moquait de mes bras maigres, de mon visage à couper au couteau, de mes lèvres pincées, de mes boutons de calculatrice, de mon appareil dentaire, de tout et de rien. je suis devenu une sorte de souffre-douleur, de faire-valoir pour les beaux gosses du coin qui n'étaient pas tourmentés (du moins en apparence) par les affres de l'adolescence. Oh, ce que j'ai pu les détester, ceux-là, les garçons populaires qui faisaient glousser les filles et que les profs avaient à la bonne parce qu'ils étaient cools (turbulents parfois, mais tellement cools qu'on pouvait tout leur pardonner) ! Moi, au mieux, j'étais transparent ; au pire, on me faisait des misères, me traitait de tous les noms, parce que j'étais un peu différent, que je me cherchais et peinais à me trouver.
Maintenant, je sais qui je suis, je n'en ai pas honte, je vis ma vie comme je l'entends et tant pis si ça fait grincer des dents. Je respecte les autres, et je me respecte. Mais les autres, c'est une autre histoire. Je sais bien que je suis différent, je sais bien que certaines personnes ne peuvent pas le comprendre, ne peuvent pas l'entendre. Je suis obligé de faire avec, je suis obligé de me cacher aux yeux de certains (je pense à mes parents, je ne voudrais pas les décevoir, mais après tout, je me trompe peut-être sur leur compte, je sais qu'ils m'aiment, mais je préfère, pour le moment, taire certaines choses, c'est plus commode). Mais je n'ai pas honte. J'ai appris à me fondre dans la masse, je me suis protégé, barricadé derrière mon humour. Je ne suis pas beau, et alors ? Je ne suis pas Monsieur Muscle, à quoi ça servirait ? J'aime autant les femmes que les hommes ? Et bien oui ! Mais je sais en rire... Merci aux méchants qui ne comprennent rien.