Merci à vous.
Ah vi j'ai bien nettoyé, j'en suis contente pour une fois que je fais du nettoyage ^^(et ça m'a pris du temps cette cochonnerie...). Mais non, Tiff, je ne ferais pas le tien ^^.
Oui je savais que je prenais un risque sur cette image. Mais j'avais envie de la faire comme ça, et je n'avais vraiment aucune autre idée. Et plus ça va, plus ça va être dur, parce que je suis pas franchement inspirée... Enfin, ça me permet de faire des choses nouvelles que je n'aurai jamais fait sinon.
Allez, une petite nouveauté maintenant. Une historiette rien que pour vous.
Le cours de ma vie
J'avais la vie devant moi, elle s'écoulait tel un torrent impétueux rempli d'amour. J'étais jeune, j'étais naïve, j'étais indestructible. Rien ne pouvait m'atteindre. Parce que nous étions deux pour braver l'adversité. A deux, on est plus forts. A deux, on est les rois du monde. Et on se fout des problèmes. On se rit des malheurs, qui n'arrivent qu'aux autres. On s'aimait, c'était suffisant... Ca nous suffisait.
Oui, mais le malheur frappe aveuglément. Ca n'arrive pas qu'aux autres. Ca nous est arrivé... Ca m'est arrivé ! La mort... la mort me l'a pris. Une ruelle sombre, un petit voyou qui joue aux durs. Et le résultat est là. La mort est survenue sans crier gare et me l'a volé. Sans autre forme de procès. Nous étions deux, et je reste seule... A jamais seule.
A partir de ce drame, le cours de ma vie a comme ralenti, jusqu'à devenir un ru à peine vivant, asséché et pitoyable. Déchéance, mépris de soi, comportement à risques : j'étais sur une pente glissante, comme on dit, au bord du gouffre. Jusqu'à la rencontre, celle qui a dévié le cours de ma vie.
Il se dresse là, devant moi, calme, dans ce coin de rue sale et mal éclairé. Je le regarde, j'ai peur. Malgré ma souffrance insupportable, la haine de ma condition, je ne veux pas mourir, je ne suis pas prête à mourir. C'est étrange. Jusqu'à cet instant, je croyais vouloir mourir, je croyais qu'en continuant à me détruire à petit feu, mon ruisseau vital finirait par se tarir, et que j'en serais satisfaite, comme libérée. Mais non, je ne veux pas mourir ; le fait est là. L'homme me toise, son ombre me surplombe et j'ai peur. Puis il parle, et sa voix douce emplit mes oreilles d'une musique délicate, apaisante.
"Je sais ce que tu veux. Tu ne veux plus être seule. Je t'offre ma famille. Rejoins-moi et tu ne seras plus jamais seule. Ma famille est indestructible et forte. Avec moi, tu deviendras forte à ton tour, et indestructible. Viens à moi, laisse-toi aller en mon sein. Je t'accepte comme tu es."
Alors, je n'ai plus eu peur. Je l'ai laissé faire. Je suis entrée dans sa famille.
Oui, je suis entrée dans cette famille indestructible. Une famille ancienne et sanguinaire. Le cours de ma vie en a été irrémédiablement dévié. J'étais une femme douce, souriante et naïve. Je suis devenue une bête assoiffée de sang, insatiable. Mes victimes s'effondraient, livides, vidées de leur substance. Le dernier battement était le plus délicieux, il avait une saveur particulière, celle du désespoir, de la capitulation. Combien ai-je fait de victimes alors ? Je ne saurai le dire. Ces cadavres ont nourri le ruisseau moribond de mes veines. J'avais l'impression d'être plus vivante en prenant la vie des autres, alors que j'étais bel et bien morte, glacée à l'intérieur.
Mais ça n'était pas suffisant. En pompant le sang des autres, je ne construisais rien. J'étais toujours seule pour n'avoir pas su nouer de liens avec la famille de mon maître. J'étais trop peu réceptive à leurs préceptes, trop abîmée par mon drame, trop consumée par ma solitude. Je ne me suis pas ouverte à eux, alors je suis partie.
Et j'ai commencé mon oeuvre, mon grand-oeuvre ! Au lieu de simplement me nourrir, je nourrissais en retour. Je me suis créée une famille à moi, rien qu'à moi. La solitude était trop lourde, elle asséchait mon coeur. Plus jamais seule, je ne le voulais plus.
Je les ai nourris, créés. Ils me doivent tout. La vie, l'immortalité, la puissance. Je peux tout leur reprendre d'un geste. Ils me craignent, ils me vénèrent. Ils sont ma cour. Je suis leur reine, leur unique référence. Je ne suis plus seule.
Oui, ils me vénèrent... Mais ils ne m'aiment pas, l'amour est perdu à jamais depuis fort longtemps. Le torrent ne restera jamais qu'un ru sans âme sans affluents.